Leiji Matsumoto, le créateur japonais d’Albator, est mort


Leiji Matsumoto, l’auteur japonais d’Albator, le 10 juin 2011, à Annecy (France).

Le nom du héros qu’il a créé convoque instantanément une douce nostalgie dans l’esprit de toute une génération. La légende du manga et de l’animation japonaise, Leiji Matsumoto, père du pirate de l’espace Albator, est mort la semaine dernière à l’âge de 85 ans d’une insuffisance cardiaque, a annoncé, lundi 20 février, la maison de production Toei.

Au cours d’une carrière de plusieurs décennies, le mangaka s’était en particulier fait connaître par des œuvres de science-fiction comme Yamato, le cuirassé de l’espace (1974) ou Galaxy Express 999 (1977).

Mais c’est surtout la série Capitaine Albator (Harlock, en version originale et en anglais), racontant les aventures du corsaire de l’espace au visage barré d’une cicatrice et à la longue cape noire siglée d’une tête de mort, qui l’a rendu incontournable dans le monde entier. Parue au Japon entre 1977 et 1979 puis adaptée en dessin animé, cette œuvre dans laquelle le héros lutte, à bord de son vaisseau Atlantis, pour la liberté dans la galaxie a connu un succès mondial, notamment diffusée à la télévision française à partir de 1980.

« Traumatisé » par la bombe atomique sur Hiroshima

« Albator est mon plus fidèle et plus ancien ami. Il est mon alter ego dans sa détermination », assurait Leiji Matsumoto en 2011 au Festival du film d’animation d’Annecy, où il était venu présenter la bande-annonce du film Albator, corsaire de l’espace.

Ce pacifiste convaincu arborait, comme Albator, une tête de mort sur son calot qu’il ne quittait jamais. « L’idée n’est pas forcément de faire peur mais de montrer [cette] détermination, expliquait-il au Monde en 2019. C’est aussi un symbole de liberté, pour dire qu’il faut vivre sans regrets. »

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Né en 1938 sur l’île de Kyushu (sud-ouest du Japon), ce génie précoce, admirateur du grand mangaka Osamu Tezuka, avait publié son premier manga à 15 ans, Les aventures d’une abeille, après avoir remporté un concours de création. L’artiste avait également raconté avoir été inspiré dans son œuvre par la bombe atomique larguée par les Etats-Unis à Hiroshima le 6 août 1945, alors qu’il avait 7 ans et résidait à Fukuoka, à 300 km de là.

« Cela m’a traumatisé mais a été une source d’inspiration, comme toutes mes expériences de jeunesse. Quand je faisais les 400 coups, de l’escalade, nageais dans des eaux dangereuses. L’expérience personnelle est essentielle pour un créateur, même de science-fiction », déclarait-il.

Décoré de la médaille de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres

Se remémorant son tout premier voyage en France ou son vol jusqu’à Rio de Janeiro à bord de l’avion Concorde lors d’un entretien à l’Agence France-Presse en 2013, il avait déclaré avoir « déjà dessiné tout cela dans [ses] mangas, avant de l’avoir vécu. Une sorte de prémonition ».

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Cette icône de la pop culture avait aussi signé au début des années 2000 un moyen métrage d’animation dont l’album Discovery du groupe français Daft Punk fournissait la bande-son.

Décoré en 2012 par la France de la médaille de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, Matsumoto avait fêté en 2013 ses soixante ans de carrière au festival de la bande dessinée d’Angoulême, dont il était l’invité d’honneur. Il avait plus récemment participé à la Japan expo, grand salon dédié à la pop culture japonaise, à Paris en 2019 avec une autre légende du manga, son compatriote Go Nagai, créateur de Goldorak, héros d’un autre dessin animé culte.

Le Monde avec AFP



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